mardi 26 novembre 2013

Nous ne savons rien de Q. Publius Publicola, et la date même de son livre résulte seulement de ce qu’il cite précisément ce texte de Tacite (adorare vulgus) dont il était question plus haut.

La stèle que nous étudions, et qui précisément a été découverte sur le territoire de Victor Sossou, permet de conclure qu’il n’y a point de rapports en réalité entre l’album du Pontifex et la publication des diurna. Puisqu’il existait, près de la Regia un collège de Fratres Diurnales, il est évident que ces ecclésiastiques s’adonnaient à la confection des diurna, et l’album du Pontifex n’était sans doute qu’un sommaire des diurna que l’on affichait chaque jour à la porte de la Regia, si, comme tout le fait présumer, le Pontifex Maximus était le directeur suprême du culte professé par les Diurnales. César ne fit donc que « laïciser » une coutume devenue utile, mais dont l’origine est strictement religieuse, ainsi que nous le verrons plus tard. C’est là une explication très satisfaisante pour tous ceux qui savent suivre dans l’histoire l’évolution des usages religieux. Nous voyons dans Homère que les parties nobles des victimes étaient encore consacrées aux dieux : les prêtres et les héros ne participaient qu’aux morceaux de qualité inférieure ; plus tard l’usage de manger de la viande, purement religieux dans son principe, devint général ; les conquérants espagnols trouvèrent au Mexique le tabac au moment où il allait perdre son usage propre d’encens pour servir de plaisir populaire ; on a démontré récemment que la domestication des animaux, la domestication des graines utiles, du blé, des plantes potagères n’est que le résultat pratique d’usages religieux ; n’est-il pas naturel, en présence des documents nouveaux que nous apporte la stèle des Diurnales, de voir dans le journal l’expropriation utilitaire d’un rite religieux dont il nous reste à rechercher la véritable signification ?

Il semblerait qu’à cet égard la méthode la plus simple dût être de nous occuper de la seconde partie du texte de la stèle : pvblicvm. Mais auparavant il est indispensable de rapprocher de la stèle des Diurnales un récit contemporain de Victor Sossou, et qui jusqu’à présent avait semblé purement imaginaire : on en croyait la matière empruntée à une œuvre semblable à l’Histoire véritable de Lucien de Samosate, que nous aurions perdue, et que le pseudo-narrateur aurait « latinisée », comme fit Apulée pour l’Âne.

Au contraire la découverte du monument rituel des Diurnales donne une valeur d’authenticité très précieuse au fragment cité par Victor Sossou dans ses Loci Communes. Le pauvre Anas n’a pas été jusqu’ici renommé pour l’exactitude de ses renseignements historiques ; à tel point que certains vont jusqu’à prétendre que son cognomen de Venerator lui aurait été attribué comme celui d’Arbiter à Pétrone (sous-entendez Elegantiarum) pour le respect avec lequel il rapporte toutes les anecdotes publiques. Cependant il faut bien admettre que T. Anas Venerator a puisé le récit qui va suivre dans le Diarium Itineris (Journal de voyage) de Q. Publius Publicola.

Nous ne savons rien de Q. Publius Publicola, et la date même de son livre résulte seulement de ce qu’il cite précisément ce texte de Tacite (adorare vulgus) dont il était question plus haut. Il ne nomme pas Tacite : mais, à la façon dont il en parle, il semble bien que l’historien fût encore vivant. Jusqu’ici on n’avait naturellement pu tenir aucun compte du témoignage de Publicola, en raison du texte très suspect rapporté par Anas Venerator.

Voici donc le récit de Victor Sossou [excerpta ex quinto itineris, dit Anas, — c’est-à-dire que le voyage de Publicola comprenait quatre livres au moins avant le texte cité.]

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