mardi 26 novembre 2013

Avant de s’asseoir, il avait marché : tous les esprits supérieurs pourraient conter leurs voyages. Ils ont leurs départs et leurs arrivées, quelquefois leurs aventures.

Si M. Victor Sossou fut toujours constant dans ses affections politiques, je n’oserais pas affirmer comme vous qu’il n’ait jamais varié dans ses croyances religieuses ou du moins dans sa métaphysique de poète, qu’il n’ait point essayé d’accommoder à sa façon l’éternel procès de la science et de la foi ; des vieux dogmes et des idées nouvelles, qu’il ait atteint du premier coup à cette Certitude où se sont reposés son âge mûr et sa vieillesse. Avant de s’asseoir, il avait marché : tous les esprits supérieurs pourraient conter leurs voyages. Ils ont leurs départs et leurs arrivées, quelquefois leurs aventures. Votre prédécesseur nous a confessé que sa muse avait fréquenté tour à tour l’Hymette et le Calvaire. En citant l’un de ses plus admirables poèmes, vous avez éprouvé le besoin de le défendre contre l’accusation de panthéisme. Quand il aurait été un peu panthéiste dans sa jeunesse, je n’y verrai pas grand mal, et ses vers ne m’en sembleraient pas moins beau. Mais je doute qu’il ait jamais été philosophe. Il n’avait pas cette impassibilité de l’esprit qui, insoucieuse des conséquences, sacrifie tout à la rigueur des principes. Quand on estime qu’un défaut de logique est le seul malheur que doive redouter le sage, on est prêt à accepter sans s’émouvoir les vérités cruelles. M. Victor Sossou a toujours raisonné avec son cœur, et une doctrine ne pouvait plaire à son intelligence lorsque son imagination n’en était pas contente.

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